Pour compenser les carrières hachées liées à la maternité, le Sénat a adopté un amendement permettant d’avoir jusqu’à 5 % de surcote pour la retraite. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, en avait fait « une ligne rouge ». La mesure, soutenue par le gouvernement, a reçu le vote favorable d’une partie de la gauche.
La commission des affaires sociales a demandé d’examiner l’amendement du président du groupe LR plus tard, pour arriver plus vite à l’article 8 sur les carrières longues. « Nous étions prêts à ferrailler » regrette le socialiste Patrick Kanner.
« On a été très patients pendant 5 jours et 5 nuits », réagit le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, « très heureux » du vote sur le report de l’âge à 64 ans. « C’est une étape de franchie, une étape importante », a salué le ministre Olivier Dussopt. « LR a finalement servi la soupe au Président Macron. Dont acte. Au moins, les masques sont tombés », dénonce Patrick Kanner, président du groupe socialiste.
Les sénateurs ont voulu « corriger une inégalité » en autorisant les professeurs des écoles à partir à la retraite avant la fin de l’année scolaire, comme peuvent déjà le faire les professeurs du secondaire.
Après six jours de débats, les sénateurs ont débuté l’examen de l’article 7 sur le report de l’âge légal. La gauche s’est relayée pour dénoncer une « mesure guillotine ». « Mépris, passage en force, bras d’honneur, je crois que c’est le vrai mot utile pour qualifier ce qui est en train de se passer », a résumé le socialiste Jérôme Durain, en référence à un coup de colère du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.
En insistant sur « ces dizaines de millions de Français qui font tourner notre pays comme tous les autres jours, malgré les grèves », le ministre des Comptes publics a suscité l’ire des sénateurs de gauche. « Vous reprenez le discours de la droite réactionnaire », dénonce le socialiste David Assouline.
C’est le mercredi 15 mars que 7 députés et 7 sénateurs tenteront de trouver à huis clos un texte commun sur la réforme des retraites. Les lectures des conclusions de la CMP, en cas d’accord, sont attendues jeudi 16 mars au Sénat. Le gouvernement a intérêt à trouver un accord en CMP avec les sénateurs, ce qui lui permettrait de clore au plus vite la procédure parlementaire.
Le rapporteur LR de la réforme des retraites au Sénat, René-Paul Savary, a pointé le rôle de la réforme votée sous François Hollande, qui a porté à 43 ans le nombre d’années de cotisations. « Dites-le dans les manifestations : « si vous travaillez plus longtemps, c’est à cause de nous » », a-t-il lancé à la gauche. La réforme permettait à ceux « qui commençaient à travailler avant 20 ans de partir à 62 ans », lui a rétorqué la socialiste Monique Lubin.
Pour favoriser l’embauche des seniors, la majorité de la droite et du centre défend la création d’un nouveau type de contrat de travail, avec exonération de cotisations famille pour l’employeur, afin d’inciter à l’embauche des plus de 60 ans. Le gouvernement se montre très circonspect sur la proposition, pointant son coût de « 800 millions d’euros ».
Les sénateurs de gauche se sont relayés toute la soirée de vendredi pour dénoncer la réforme des retraites. Jouant avec les nerfs de la droite, ils ont multiplié les attaques contre les sénateurs LR, mutiques durant les débats, car « visiblement condamnés au silence par un coup de baguette magique du président Retailleau », a raillé le communiste Pierre Laurent.
Les sénateurs débutent l’examen de la réforme des retraites. Avec 11 jours de débats, la majorité de droite et du centre entend aller au bout du texte. Ils soutiennent le report de l’âge à 64 ans, mais défendent de nouvelles mesures pour les femmes et les seniors. La gauche va se relayer pour batailler pied à pied contre le texte, à coup de motions de procédure et d’amendements. On en compte au total 4.730.
Unis contre la réforme des retraites, les sénateurs socialistes, communistes et écologistes entendent mener la bataille pendant les 11 jours de débats au Sénat. S’ils veulent examiner l’article 7 sur les 64 ans, l’objectif théorique est de ne pas aller au bout du texte, tout en débattant de l’ensemble des sujets. Ils défendront ensemble une motion référendaire et veulent « mettre sur la table » le régime de retraite des sénateurs.