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Budget 2026 : Sébastien Lecornu annonce un gel des dépenses qui dépendent de Matignon
Le Premier ministre annonce une stabilité des moyens de fonctionnement pour les administrations et services placés sous la responsabilité de Matignon.
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Après plus de cinquante jours, la France a enfin un nouveau Premier ministre en la personne de Michel Barnier, membre de LR. Le critère qui a prévalu pour le nommer : sa « non-censurabilité » par l’Assemblée nationale. Et plus particulièrement, l’assurance que les députés du Rassemblement national ne voteront pas immédiatement de motion de censure contre lui. Ce qui a amené Jean-Luc Mélenchon à dénoncer un gouvernement « quasiment […] de M. Macron et de Mme Le Pen ». « Est-ce que Monsieur Mélenchon entend dire que le RN est faiseur de roi ? Il a raison pour une fois », lui répond Joshua Hochart, sénateur RN du Nord.
Pas de censure automatique des députés RN envers un gouvernement Barnier. C’est en effet ce qu’ont affirmé les responsables du parti d’extrême-droite à l’annonce de la nomination de ce dernier à Matignon. « Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale », a tweeté Jordan Bardella, le président du Rassemblement National. Marine Le Pen, présidente du groupe à l’Assemblée nationale, affirme que les membres de son groupe seront « attentifs au projet qu’il portera ». Pas de censure automatique, donc. Mais « pas de blanc-seing signé » non plus, selon les mots du sénateur RN du Pas-de-Calais Christopher Szczurek, « le seul gouvernement qui nous satisferait serait un gouvernement Bardella ». « Le RN ne participera pas à aucun gouvernement que ce soit », a rappelé Marine Le Pen sur LCI.
Michel Barnier coche plusieurs cases pour satisfaire les membres du RN et lui permettre de rester Premier ministre « plus de 48 heures », selon Joshua Hochart. Ils reconnaissent en lui un homme qui a « traité le RN et ses électeurs sans cordon sanitaire », d’après Christopher Szczurek. Une condition sur laquelle insiste Marine Le Pen. Elle salue un homme « respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s’adresser au Rassemblement national ». « Le front républicain, cela n’a plus de sens », dénonce le sénateur Szczurek, « s’il y a une force politique qui a démontré sa radicalité et son ambiguïté sur l’antisémitisme, c’est la France Insoumise. On a montré notre respect total de nos institutions ».
Si Michel Barnier, homme de droite tout comme Xavier Bertrand, lui aussi pressenti pour le poste, a gagné les faveurs de l’Elysée, c’est peut-être aussi pour cela. Les relations entre Xavier Bertrand et le Rassemblement national sont en effet glaciales, depuis qu’il a été élu en 2015 à la tête de la région Hauts-de-France contre Marine Le Pen, dans une démarche de front républicain. « Il a été sectaire de A à Z, il gère la région en communicant. On le juge sur pièces, lui », assène Christopher Szczurek, qui a été conseiller régional des Hauts-de-France.
Michel Barnier peut également plaire au Rassemblement national sur le fond. En effet, lors de la primaire LR à la présidentielle, le candidat Barnier avait pris une posture très ferme sur l’immigration, allant jusqu’à demander un référendum et un moratoire sur l’immigration puis plaider pour « ne plus être soumis aux arrêts de la CJUE [Cour de Justice de l’UE, ndlr] ou de la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] ». « Il y a plusieurs Michel Barnier : le commissaire européen zélé et le candidat à la primaire de LR à la présidentielle, qui acceptait de parler aux électeurs du RN et de les traiter normalement. Si c’est celui-là, on peut être dans une posture attentiste », juge Christopher Szczurek. Le mot d’ordre : attendre son discours de politique générale.
Les mesures souhaitées par le RN concernent l’instauration de la proportionnelle, le durcissement du ton sur l’immigration et la sécurité, et le pouvoir d’achat.
Pas de censure automatique, une posture attentiste, mais un rôle « d’opposition responsable », selon les mots du député RN Laurent Jacobelli. Pour autant, les élus d’extrême-droite restent surpris par ce nom pour Matignon. « Cela reste extrêmement étonnant qu’au bout de deux mois, Emmanuel Macron en soit à nommer un Premier ministre issu de la formation politique qui a le moins résisté à ces élections législatives », juge Christopher Szczurek.
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