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Congrès des Républicains : la participation de LR au prochain gouvernement « n’est pas automatique », prévient Bruno Retailleau 

Devant 2 500 adhérents réunis en Congrès à Port-Marly dans les Yvelines, le patron de LR, Bruno Retailleau, a fixé le cap de sa famille politique à la veille de la probable chute du gouvernement Bayrou. 
Simon Barbarit

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Bruno Retailleau a fait tomber la cravate pour clore le congrès des Républicains dans l’auditorium surchauffé des Pyramides à Port-Marly dans les Yvelines. Le président de LR et ministre de l’Intérieur a aussi invité les 2500 adhérents face à lui a se retrousser les manches pour tourner la page « de la droite paresseuse et peureuse ».

« Il est hors de question qu’on accepte demain un Premier ministre socialiste »

Mais avant de penser à l’avenir, Bruno Retailleau a dû s’attarder sur le présent. La « curieuse » décision de François Bayrou de demander un vote de confiance sur son gouvernement a mis les LR « dans l’embarras », a reconnu le Vendéen. Un embarras accentué cette semaine par les déclarations du patron des députés de droite, Laurent Wauquiez, en contradiction avec la ligne posée par son ancien adversaire à la présidence du parti. Encore ce matin sur LCI, non content de rappeler qu’il ne comptait pas censurer un gouvernement PS ou RN, Laurent Wauquiez a accordé la liberté de vote aux parlementaires LR lundi sur la confiance sollicitée par François Bayrou. Mais pas de quoi l’empêcher de faire bonne figure d’être assis au premier rang de l’auditorium.

« Il est hors de question, comme vous le savez, qu’on accepte demain qu’un Premier ministre socialiste soit nommé à Matignon », a corrigé le patron de LR sous les applaudissements nourris de l’assistance. Bruno Retailleau a reconnu qu’il ne savait pas si lui et les autres ministres LR feront partie du prochain gouvernement. « Ça ne peut pas être automatique. Ça dépend d’un certain nombre de conditions ». Comme nous l’indiquions samedi, le patron de la droite proposera un accord de gouvernement au prochain Premier ministre si François Bayrou tombe lundi. Il est composé de quatre piliers : « Mieux rémunérer le travail », « la maîtrise des comptes publics », « la maîtrise de l’immigration » et « la sécurité ».

Dans les instances du parti, on veut croire qu’après l’année passée à gouverner avec le bloc central, les électeurs ne font pas la confusion. « Ça ne fait évidemment pas de nous des macronistes. Trouvez-moi un ministre de l’Intérieur depuis le début de la Ve République qui est autant affirmé que moises différences », a rappelé Bruno Retailleau citant le dossier algérien, corse et immigration.

Pour les Républicains, l’arrivée à Matignon d’une personnalité qui serait « compromis avec le NFP » sonnerait la fin de leur participation au gouvernement. Le PS actuel ne peut pas non plus faire partie d’une coalition avec un programme économique considéré comme démagogique avec « 27 milliards d’impôts supplémentaires ».

Attaqué sur sa droite par le RN sur son bilan, Bruno Retailleau a réservé aussi quelques flèches à Marine Le Pen. « Qui n’a pas voulu voter les 15 d’activités en contrepartie du RSA ? Le Rassemblement national qui n’a pas non plus voulu voter la réforme des retraites », a-t-il rappelé, estimant que le programme économique du Rassemblement national était celui de « M.Mélenchon ».

Mais « le temps presse. La fenêtre de tir est courte » a-t-il évalué estimant que le mois de septembre était « dangereux » avec une crise politique et sociale dès cette semaine, le 8 puis le 10. « Je ne souhaite pas rejoindre ces ingénieurs du chaos qui veulent allumer la mèche de cette bombe, de cette explosion financière »

Mais qui pour conduire le futur exécutif ? Là encore, Laurent Wauquiez a jeté un pavé dans la mare en citant sa préférence pour Xavier Bertrand. De quoi faire grincer dans les rangs retaillistes. « C’est quand même marrant alors que c’est lui qui a bloqué l’arrivée de Bertrand à Matignon l’année dernière », se remémore l’entourage du ministre. Sans compter que le RN a déjà annoncé une censure immédiate si l’ennemi de Marine Le Pen dans la région des Hauts de France occupait Matignon.

La solution « d’un Premier ministre institutionnel »

Dans l’entourage de Bruno Retailleau, on murmure qu’Emmanuel Macron est séduit part la solution « d’un Premier ministre institutionnel », comme le président du Sénat, Gérard Larcher ou celui de la Cour des comptes, pierre Moscovici. « Mais on ne quitte pas un trois-étoiles pour un food truck », ajoute notre source. Le président du Sénat qui s’est entretenu avec le chef de l’Etat vendredi a déjà refusé le poste en décembre dernier. « Gérard Larcher a toujours dit que si la France était en péril, il irait. Et on n’en est pas loin », constate un sénateur. « Le sujet ce n’est pas François Bayrou, c’est la France », a tancé samedi Gérard Larcher, encourageant les députés à voter la confiance.

Bruno Retailleau a appelé les parlementaires à adopter « une ligne de conduite. « Cette ligne de conduite doit être droite et pas oblique comme les crabes sur les plages de Vendée ». Et si le ministre salue la richesse de la diversité des courants au sein d’une famille politique, Les Républicains ne sont pas une auberge espagnole », a-t-il souligné.

Le mot d’ordre a bien été reçu du côté du député Philippe Juvin. « On a le choix entre l’instabilité relative ou l’instabilité totale avec pas de gouvernement et pas de budget. Moi, je ne veux pas de chaos et je voterai la confiance », indique-t-il. La députée Michèle Tabarot fera de même. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas a souligné que les députés « étaient libres et qu’il n’y avait pas de mandat impératif. Mais je préfère toujours l’unité et la cohérence ». Réponse demain pour le début d’une session parlementaire qui s’annonce mouvementée ».

 

 

 

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