Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »
Auditionné par la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur l’accident industriel de Rouen du Sénat, l’assureur de Lubrizol a confirmé avoir eu connaissance du risque quelques jours avant l’incendie, mais précise avoir « accepté le risque ».

Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »

Auditionné par la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur l’accident industriel de Rouen du Sénat, l’assureur de Lubrizol a confirmé avoir eu connaissance du risque quelques jours avant l’incendie, mais précise avoir « accepté le risque ».
Public Sénat

Par Alice Bardo

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Et si l’incendie de Lubrizol aurait pu être évité ? Début février, Le Monde et Médiapart ont révélé qu’un rapport, transmis treize jours avant l’accident industriel par la compagnie d’assurance de Lubrizol à la direction de l’usine, indiquait que le site présentait un risque d'incendie en raison de plusieurs problèmes. 

Auditionné hier au Sénat, Loïc Le Dréau, le représentant légal de la succursale française de FM Insurance Europe SA, autrement dit l’assureur de Lubrizol, a confirmé avoir eu connaissance de ce risque, et ce dès 2008, lors de la souscription du contrat d’assurance. 

Des « visites de risques » annuelles

Lubrizol : des « visites de risques » annuelles
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Ce risque, l’assureur a également admis du bout des lèvres l’avoir constaté treize jours avant l’incendie, à l’occasion de l’une de ses « visites de risques » annuelle, dont l’objectif est de « comprendre l’évolution du risque, pour voir si les primes d’assurance négociées lors de la souscription du contrat sont en adéquation avec le niveau de risque ». « Il s’agit d’un risque que nous acceptions de porter en tant qu’assureur », explique Loïc Le Dréau.

« Vous acceptez de porter le risque mais peut-être que les populations riveraines n’étaient pas prêtes à l’accepter » lui a rétorqué le président de la commission d’enquête Hervé Maurey, visiblement agacé. 

Lubrizol : « Il y a eu beaucoup d'améliorations des risques sur le site »

Pour sa défense, l’assureur a vanté les mérites de son métier, qui encouragerait financièrement ses clients à améliorer la sécurité de leurs sites : « Plus le risque est bon, plus les primes d'assurance vont être favorables » explique Loïc Le Dréau. Et d’ajouter, pour appuyer ses dires mais sans plus de détails, qu’« il y a eu beaucoup d'améliorations des risques faites sur le site de Lubrizol au cours des années. »

Des améliorations qui n’ont à l’évidence pas suffi à éviter à FM Global de mettre la main à la poche : « L’incendie de Lubrizol est couvert par notre police d’assurance. On a commencé le processus d’indemnisation, de reconstruction et de remise en place de son outil de production. »

« La majorité des sinistres peuvent être évités »

Pas de quoi refroidir l’assureur, qui reste tout de même « convaincu que la majorité des sinistres peuvent être évités ». Outre l’incitation financière, peut-être que l’augmentation de 50% des contrôles des sites Seveso, proposée par Elisabeth Borne dans le cadre de son plan d’actions dévoilé le 11 février dernier, permettra aussi de servir sa conviction. “C’est ambitieux mais est-ce tenable ? Les effectifs [inspecteurs] ne devraient a priori pas augmenter en proportion”, a déploré le président de la commission d’enquête Hervé Maurey lors de l'audition de la ministre de la Transition écologique, qui a suivi celle de l'assureur. Le sénateur a également souligné “l’importance de vérifier que les contrôles soient suivis d’effets.” La commission d’enquête, dont ces auditions étaient les dernières, conclut donc ses travaux dans le doute.

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