Covid-19 : réflexions sur la réinvention de la « vie ordinaire »
Oui ce fut un moment extraordinaire que ce confinement qui, un temps, a concerné jusqu’à 4 milliards d’individus dans le monde. « Un moment singulier » pour Frédéric Lenoir (« Vivre ! dans un monde imprévisible » Ed. Fayard), invité, au côté d’Adèle Van Reeth (« La vie ordinaire ». Ed. Gallimard) dans Livres & Vous.

Covid-19 : réflexions sur la réinvention de la « vie ordinaire »

Oui ce fut un moment extraordinaire que ce confinement qui, un temps, a concerné jusqu’à 4 milliards d’individus dans le monde. « Un moment singulier » pour Frédéric Lenoir (« Vivre ! dans un monde imprévisible » Ed. Fayard), invité, au côté d’Adèle Van Reeth (« La vie ordinaire ». Ed. Gallimard) dans Livres & Vous.
Public Sénat

Par Pierre-Henri Gergonne

Temps de lecture :

3 min

Publié le

« Un moment qui nous apprend que jusqu’à présent on avait la fiction de vivre dans un monde de stabilité. Or nous vivons dans un monde imprévisible. Et ce moment singulier nous a permis de voir les choses autrement » poursuit Frédéric Lenoir.
Des propos que nuance Adèle Van Reeth. Au contraire dit la philosophe, « cette situation exceptionnelle a eu pour conséquence de nous mettre face à notre vie la plus ordinaire. C’est-à-dire à l’intérieur de nos quatre murs. Pour beaucoup ce fut une manière d’être aspiré par la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus ordinaire et parfois de plus problématique ». D’où peut-être cette difficulté d’écrire sur la vie ordinaire.

 

Écrire sur l’ordinaire

« C’est difficile d’écrire sur la vie ordinaire, confie Frédéric Lenoir. Il est beaucoup plus facile, dans le roman, d’écrire des situations extraordinaires. Il est finalement extraordinaire que l’on puisse écrire sur la vie ordinaire comme Proust a pu le faire ».
Et la philosophie au contraire de la littérature, reste souvent muette sur cette vie ordinaire. « Ce n’est pas un objet de réflexion » admet Adèle Van Reeth. « La philosophie, poursuit-elle, suppose une certaine disponibilité d’esprit. Or la vie ordinaire faite de contraintes familiales ou professionnelles l’empêche. Et lorsque l’on écrit, on n’a pas envie de nous replonger dans ce qui nous a empêché d’écrire ! ». Et ce confinement extraordinaire a pour certains (beaucoup ?) consolidé le rapport avec la Nature.

 

Quel rapport à la nature dans ce moment extraordinaire ?

« J’ai un lien vital avec la Nature. J’y sens une présence. On a besoin de cette relation comme on a besoin des liens humains » dit Frédéric Lenoir. Là encore c’est Adèle Van Reeth qui apporte quelques nuances. « Je ne pense pas, explique-t-elle qu’il faille opposer frontalement la Nature et la culture ou la ville. Demain je ne serais pas prête à vivre dans la nature. J’aime la nature mais pas au détriment du reste. Concevoir les vacances dans la nature par exemple comme des parenthèses, c’est aussi accepter que le monde est sans cesse changeant et imprévisible ».

Imprévisibilité du monde, vie ordinaire et extraordinaire. Incontestablement, le confinement a changé nos regards sur la vie. Ordinaire et extraordinaire.

Partager cet article

Dans la même thématique

France Protests
6min

Société

Mobilisation du 18 septembre : l’intersyndicale, clé d’un véritable retour en force des syndicats ? 

Plusieurs centaines de milliers de personnes – plus d’un million de personnes selon la CGT – ont défilé ce jeudi 18 septembre partout en France contre les mesures budgétaires présentées par le précédent gouvernement de François Bayrou. Une mobilisation massive à l’appel de l’intersyndicale, de nouveau réunie deux ans et demi après la contestation de la réforme des retraites, mais qui s’était soldée par un échec des revendications. Parmi les salariés, « il y a une demande d’unité syndicale », souligne Dominique Andolfatto, universitaire spécialiste du syndicalisme.

Le