Lutte contre le cancer : le Sénat adopte à l’unanimité l’instauration d’un registre national

Ce jeudi, le Sénat a voté à l’unanimité une proposition de loi portée par la sénatrice Sonia de La Provôté (Union centriste) en faveur de la création d’un registre national des cancers. Le but est de faire le décompte exhaustif de l’ensemble des cas de cancers sur le territoire national afin de lutter au mieux contre ce fléau.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Paradoxalement, nous ne connaissons pas exactement les grands indicateurs de prévalence, d’incidence, de mortalité ou de survie du cancer dans notre pays ni pour 2022, ni pour 2020, ni même pour 2019. ». Ces mots prononcés par la sénatrice Nadia Sollogoub (Union centriste), rapporteure de la commission des affaires sociales, font état de la difficulté persistante à obtenir des informations fiables sur l’évolution des cas de cancers à l’échelle nationale. Pourtant, ces statistiques sont indispensables à la recherche, à la prévention et au traitement de ces maladies.

En 2018 en France, 382 000 nouveaux cas de cancers sont recensés, mais il ne s’agit là que d’une estimation des professionnels de santé, faute de registre suffisamment précis à l’échelle nationale. Cette situation est d’autant plus problématique quand on sait qu’il s’agit de la première cause de mortalité chez les hommes et de la deuxième chez les femmes.

 

Des données parcellaires

Il existe actuellement 27 registres sur le territoire, soit « trop spécialisés » soit « incomplets », formulés à partir de 24% de la population. « La proposition de loi de notre collègue Sonia de La Provôté arrive donc à point nommé pour rattraper notre retard », se réjouit la sénatrice Nadia Sollogoub, lors de l’examen du texte par la commission des affaires sociales.

La création d’un registre unique à l’échelle nationale permet une récolte de données « fiabilisées, propres et exhaustives », favorisant des travaux de recherches et de prévention indispensables. Un tel projet, confié à l’Institut national du cancer, s’inscrit plus largement au niveau européen, s’ajoutant au Réseau européen des registres du cancer (ENCR) crée en 1990.

Dans ce cadre, il est possible de « mener des analyses plus fines, pour des cancers émergents dont les signaux sont encore faibles », mais aussi d’optimiser les dépenses en matière de santé publique puisque, comme souligné par Sonia de La Provôté, « le coût d’un tel outil s’avère dérisoire au regard des économies qu’il ne manquera pas d’entraîner ».

 

Un accueil favorable 

Si le traitement et la protection des données personnelles ou encore le coût économique de cette mesure, pouvaient susciter certaines réticences, l’enjeu défendu par ce texte s’est finalement imposé. Plusieurs représentants de groupes soulignent tour à tour, l’importance de la création d’un tel registre rappelant le « caractère indispensable d’un outil globalisant » et la nécessité de ne plus fonctionner de « manière probabiliste ».

Eviter le manque d’exhaustivité dans le recueil des données, permet de lutter contre les facteurs favorisant le développement de certains cancers, comme le lieu de vie, les horaires de travail ou encore les modes de consommation. Ces causes, souvent dues à la persistance d’inégalités sociales « jusqu’à présent sous-estimées », comme c’est le cas « chez les ouvriers et les ouvrières dont la part des cancers imputables à l’activité professionnelle atteindrait près de 20% » comme le souligne la sénatrice Laure Cohen (Communiste républicain citoyen et écologiste).

Pourtant les quelques différends existants entre les groupes présents lors du vote au Sénat, n’auront pas empêché l’adoption du texte à l’unanimité en première lecture.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

SIPA_01213701_000016
4min

Santé

Nestlé Waters devant la justice : l’UFC-Que Choisir réclame le retrait temporaire des bouteilles de Perrier à la vente

Ce mercredi matin, au tribunal judiciaire de Nanterre, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a demandé le retrait provisoire des bouteilles Perrier. Elle estime que leur commercialisation sous l’appellation « eau minérale naturelle » constitue une tromperie. Face au « scandale des eaux en bouteille », le Sénat avait lancé en décembre 2024 une commission d’enquête.

Le

Budget de la Sécurité sociale : la boîte à outils du Sénat pour assurer un retour à l’équilibre entre 2029 et 2035
9min

Santé

Budget de la Sécurité sociale : la boîte à outils du Sénat pour assurer un retour à l’équilibre entre 2029 et 2035

Dans le cadre d’un rapport d’évaluation et de contrôle, une sénatrice centriste et une sénatrice écologiste sont parvenues à des « points d’accord » sur la nécessité de ramener la Sécurité sociale à l’équilibre et de faire évoluer certains outils de gouvernance. Selon leur projection, même avec une stabilisation des dépenses de santé, le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 3 points de PIB en 2070. Elles n’ont toutefois pas pris parti sur la longue liste de mesures d’économies ou de recettes, annexée au rapport.

Le

DC: President Donald Trump discusses autism at the White House
4min

Santé

Paracétamol, vaccins, autisme : « Les propos de Donald Trump ne reposent pas sur la science »

« N'en prenez pas » et « n'en donnez pas à votre bébé ». Ce lundi, alors que l’administration Trump avait promis en début d'année de révéler les causes de ce qu'elle qualifie d'"épidémie d'autisme" aux Etats-Unis, le président américain a livré son diagnostic. Il a fortement déconseillé le paracétamol aux femmes enceintes, l'associant à un risque d'autisme élevé pour les enfants, avant de jeter le discrédit sur les vaccins. Pour Public Sénat, le professeur Benoit Marin, responsable du Centre de Référence sur les Agents Teratogènes (Crat), fait le point sur ce que dit vraiment la science.

Le