« Les enjeux économiques sont supérieurs aux enjeux sanitaires » : coup de gueule de la gauche, après le refus du Sénat d’augmenter les taxes sur l’alcool

Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les sénateurs ont débattu d’une série d’amendements visant à accroître la taxation sur l’alcool. Tous ont été rejetés, provoquant la colère d’une large partie de la gauche de l’hémicycle. De son côté, avec le soutien de la ministre de la Santé, la rapporteure générale de la commission des affaires sociales promet de travailler à une proposition de loi transpartisane sur le sujet.
Rose-Amélie Bécel

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Relèvement de la taxation des bières aromatisées et des bières à plus de 8 degrés, taxation de la publicité sur l’alcool, instauration d’un prix minimum de vente des boissons alcoolisées… Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le Sénat a examiné ce 21 novembre une série d’amendements, défendus par des élus des groupes de gauche, pour taxer davantage la consommation d’alcool.

Des amendements qui n’ont pas reçu le soutien du gouvernement et de la commission des affaires sociales et ont été rejetés. « Quelles que soient nos propositions, qu’il s’agisse des prix, des taxes ou de la publicité, en fait cela ne va jamais. Je pense que tous vos arguments contre ces amendements révèlent qu’en fait, vous voulez que les Français continuent de consommer de l’alcool, parce que les enjeux économiques sont supérieurs aux enjeux sanitaires », a fustigé la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.

« Il faut essayer d’embarquer l’ensemble des filières, ce n’est pas le cas aujourd’hui »

« Nous sommes d’accord sur le fond, il faut mener un travail sur le sujet et essayer d’embarquer l’ensemble des filières, ce n’est pas le cas aujourd’hui », estime de son côté la rapporteure générale de la commission des affaires sociales Élisabeth Doineau. La sénatrice centriste promet que le débat « ne s’arrêtera pas là » et entend travailler de façon transpartisane sur une proposition de loi plus globale, qui pourrait porter « sur l’ensemble des addictions ». Un projet auquel la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, apporte son soutien.

Mais pour les défenseurs des différents amendements de taxation de l’alcool, la proposition n’est pas satisfaisante. Pour le sénateur socialiste Bernard Jomier, le gouvernement n’a même aucune volonté d’avancer sur le sujet : « Aujourd’hui, on en est au stade où le ministre de la Santé d’un gouvernement n’avance même plus une seule mesure pour essayer de limiter la consommation d’un toxique dans notre pays. Le gouvernement nous a envoyé un texte dans lequel il n’y a rien, rien sur la fiscalité, ni sur la publicité, le vide total. »

L’an dernier, dans le cadre du PLFSS 2024, le gouvernement s’était déjà opposé à l’instauration d’un prix minimum sur l’alcool, notamment au nom de la défense des filières viticoles. Il y a un an, la chambre haute avait toutefois accepté une hausse des taxes sur les bières aromatisées.

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