Politique
Budget 2026 : Sébastien Lecornu annonce un gel des dépenses qui dépendent de Matignon
Le Premier ministre annonce une stabilité des moyens de fonctionnement pour les administrations et services placés sous la responsabilité de Matignon.
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Par Romain David
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Emmanuel Macron appelle à la création d’une « communauté politique européenne » pour rapprocher l’Ukraine de l’Union européenne. Lors de son discours devant le Parlement européen à Strasbourg lundi, le président de la République a évacué l’hypothèse d’une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE. Mais face à l’invasion russe, il a plaidé pour la mise en place d’une autre forme de rapprochement autour du « socle de valeurs » européennes. Une nouvelle forme de coopération dont pourraient ainsi bénéficier certains Etats d’Europe de l’Est ou des Balkans. Le président de la République s’est également prononcé en faveur d’une « révision des traités » de l’Union européenne, qui permettrait à l’UE de gagner en souplesse et en réactivité par temps de crise. Plusieurs Etats, toutefois, se montrent opposés à une telle révision.
Interrogé par Public Sénat, le politologue Olivier Costa, directeur de recherche CNRS et au CEVIPOF, spécialiste des institutions européennes, voit dans ce discours aux accents mitterrandiens un « tournant pragmatique ». Avec, notamment, la volonté d’utiliser le contexte international pour pousser l’UE à se réformer rapidement.
« Je pense qu’il a vraiment voulu marquer le coup. Je l’ai trouvé ému par moments, alors que c’est quelqu’un qui a une grande maîtrise de ses mots. Il a visiblement voulu faire en sorte que cette prise de parole reste comme l’un de ses grands discours. Dans un moment de conflit armé sur le continent, sans doute avait-il en tête le discours d’adieu de François Mitterrand au Parlement européen, où il prononce la fameuse phrase : ‘Le nationalisme, c’est la guerre’. Le discours de ce lundi s’inscrit dans la continuité de celui qu’il avait prononcé à La Sorbonne en 2017. Mais en mettant l‘accent sur une approche fonctionnelle des choses, il a aussi voulu revenir aux besoins des uns et des autres et, d’une certaine manière, à l’esprit d’origine du projet européen. C’est une forme de tournant pragmatique.
C’est une idée qui s’impose de plus en plus chez certains dirigeants européens, et j’ai trouvé très habile de sa part cette façon de lier les circonstances aux enjeux institutionnels. Pour l’heure, l’Union européenne reste très articulée sur un fonctionnement économique. Mais si l’on veut arrêter de traiter à la marge de nouvelles problématiques, comme le réchauffement climatique ou la justice sociale, il faut une réécriture qui place ces enjeux au cœur des traités. Il faut rappeler que cette idée ne vient pas d’Emmanuel Macron, elle a été mise en avant par la Conférence sur l’avenir de l’Europe au sein de laquelle les panels citoyens ont pris beaucoup de poids, ce qui confère à ces travaux une certaine légitimité.
Ces pays sont rentrés dans l’Union européenne plus tardivement. Ils se sentent moins impliqués dans un projet politique qui remonte à l’après-guerre. Par ailleurs, ce sont des pays qui vivent bien, et qui n’ont pas nécessairement envie de partager leur destin avec des pays d’Europe plus en difficultés. Nous sortons de deux années de crise sanitaire, et les crises sont souvent des moments de repli national.
Il y a un constat : l’outil de l’élargissement n’est pas adapté pour répondre aux enjeux du moment. Les oreilles des Ukrainiens ont dû siffler, mais Emmanuel Macron a eu l’honnêteté de dire qu’un processus d’adhésion prendrait des dizaines d’années. Or, la guerre impose d’apporter sans attendre une réponse à ces pays pour les mettre à l’abri de la Russie. Le président de la République réactive le vieux projet mitterrandien de confédération européenne, perçu à l’époque comme une alternative à l’adhésion et qui n’avait pas fait l’unanimité. Aujourd’hui, la situation n’est plus la même et le dispositif ne semble pas idiot. Mettre en place un nouveau cadre communautaire, en marge des traités, permettrait d’aller plus vite dans certains domaines, par exemple pour élaborer un accord de sécurité.
Bien sûr, c’est une façon de montrer les gros bras. Moscou n’a pas peur de l’Europe de la Défense parce qu’elle sait que sa mise en place prendra des décennies. Trouver des solutions alternatives, dans un nouveau cadre juridique et coopératif, permettrait au continent européen de faire bloc beaucoup plus rapidement face à la Russie.
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Il avait déjà dit la même chose dans son discours de la Sorbonne en 2017 : ne pas empêcher ceux qui veulent faire plus d’avancer. Dans les faits, nous sommes déjà sur une intégration différentiée, avec la zone euro ou l’espace Schengen. Mais les instruments institutionnels pour refléter cette diversité n’existent pas. Lorsque le Parlement parle de la zone euro, il est obligé de le faire à 27 alors qu’elle ne concerne que 19 Etats à l’heure actuelle. Insidieusement, c’est aussi une menace, une manière de faire pression sur ceux qui n’ont pas envie d’avancer, en laissant sous-entendre qu’ils pourraient rester sur le côté. »