65th Separate Mechanized brigade in Orikhiv, Ukraine – 20 May 2024
Ukrainian servicemen of 65th Separate Mechanized brigade operate a BM-21 ÒGradÓ multiple rocket launcher to fire towards Russian positions near the frontline in Zaporizhzhia region. The US "fundamentally" wants Ukraine to win the war against Russia, said Matthew Miller, the spokesperson for the US Department of State, during a briefing. Miller also reiterated the statement of US Secretary of State Antony Blinken where he spoke about the strategic defeat that Russia "has brought on itself" by launching the war. - Andriy Andriyenko / SOPA Images//SOPAIMAGES_AAndriyenko-03073/Credit:SOPA Images/SIPA/2405221435

Utilisation d’armes occidentales sur le territoire russe : « Il était urgent de donner aux Ukrainiens la possibilité de se défendre », juge le général Trinquand

Le président américain Joe Biden a finalement autorisé l’Ukraine à recourir aux armes américaines pour frapper des cibles sur le sol russe. Une décision qui devrait permettre à Kiev de riposter aux frappes russes dans la région de Kharkiv, cible d’une offensive depuis plusieurs semaines. Pour le général Dominique Trinquand, il était « paradoxal de donner des armes à l’Ukraine sans lui permettre de les utiliser » sur le sol russe. Interview.
Flora Sauvage

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Après un long débat au sein de son administration, et plusieurs semaines de tractations, le président américain Joe Biden a donné à l’Ukraine la permission d’utiliser des armes américaines pour frapper des cibles en territoire russe, à proximité de la région frontalière de Kharkiv, comment expliquez ce revirement ?

C’est la conséquence d’un processus assez long. L’Ukraine réclame de pouvoir utiliser sur le sol russe les armes américaines qu’elle reçoit depuis un certain temps déjà. Joe Biden s’y est toujours refusé jusqu’à présent. Finalement il y consent pour faire en sorte que l’Ukraine puisse contre-attaquer dans la région frontalière de Kharkiv. Car cette région subit une offensive depuis le début du mois de mai. L’Ukraine est en difficulté et la Russie gagne du terrain grâce à des bombardements quotidiens menés depuis le territoire russe. Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken avait laissé entendre cette semaine que les Etats-Unis avaient infléchi leur position à ce sujet. Désormais les Ukrainiens vont pouvoir utiliser les armes à longue portée, les HIMARS et les lance-roquettes multiples pour cibler le territoire russe à proximité de Kharkiv. Ce sont des armes qui permettent de tirer à plus de 150km.

Plusieurs pays dont la France et la Grande Bretagne ont décidé d’autoriser l’Ukraine à utiliser les armes occidentales pour cibler le territoire russe, pourquoi l’Otan pousse-t-elle les capitales occidentales à lever les restrictions qui « lient les mains dans le dos des Ukrainiens », selon les termes de son secrétaire général Jens Stoltenberg ?

En réalité, depuis le début de la guerre on a fait entrer l’Ukraine sur un ring avec un bras dans le dos. Il était urgent de donner aux Ukrainiens la possibilité de se défendre. Les Britanniques et les Français avaient déjà donné leur accord aux Ukrainiens. L’Allemagne était sur la même ligne. Les Américains ont finalement rallié la position des Européens pour ne pas rester les derniers. En revanche les Etats-Unis ont mis des restrictions sur l’utilisation de ces armes de longue portée, ce que ne fait pas la France ou la Grande Bretagne. En limitant l’utilisation de ces armes au territoire frontalier, et en rendant cela public, les Etats-Unis donnent des indications aux Russes, ce qui n’est pas très malin selon moi. Ainsi, les Russes savent où ils peuvent être susceptibles d’être frappés, et contre attaquer.

Le Kremlin reproche déjà à l’Alliance atlantique de lancer « un nouveau cycle d’escalade ». Quelles conséquences la décision américaine pourrait-elle avoir sur la façon dont la Russie mène ses opérations en Ukraine ?

Il est compliqué de prédire les conséquences que cette décision va avoir. En faisant cela, on contribue à la puissance de feu des Ukrainiens mais est-ce que cela va avoir un effet décisif ? Difficile à dire… La Russie a déjà répondu qu’elle allait lancer des attaques asymétriques contre les alliés de l’Ukraine : des attaques par sabotage sur l’acheminement et l’approvisionnement des armes et des munitions comme cela a eu déjà eu lieu en Pologne ou en République tchèque par exemple. Des attaques asymétriques qui pourraient avoir lieu très loin du théâtre des opérations comme en Afrique ou dans le Pacifique. Ou encore des cyberattaques.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Utilisation d’armes occidentales sur le territoire russe : « Il était urgent de donner aux Ukrainiens la possibilité de se défendre », juge le général Trinquand
3min

International

Reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France : « C’est une faute politique, morale et sécuritaire » estime Christophe Gomart

Le 22 septembre dernier, Emmanuel Macron reconnaissait officiellement au nom de la France, l’Etat de Palestine. A l’instar de l’hexagone, ce ne sont pas moins de 16 pays européens qui ont fait ce choix. Un acte diplomatique qui relève de l’évidence, quand d’autres considèrent qu’il ne fait qu’aggraver la situation au Moyen-Orient. Un sujet brûlant débattu par les invités de l’émission Ici l’Europe, diffusée sur France 24, LCP et Public Sénat (tous les samedis à 16h30).

Le

Symbolic photo: Denmark: Another drone alert over several airports.
4min

International

Incursions russes : l’Europe planche sur un mur « anti-drones »

C’est une priorité. Au lendemain d’un nouveau survol de drones non identifiés au-dessus d’un aéroport danois, plusieurs pays de l’Union européenne se réunissent en urgence pour se doter d’un « mur anti-drones ». Quelle forme prendra-t-il ? Eléments de réponse.

Le