« Il faut tout faire pour faire échec à la Russie, si l’Ukraine tombe, la ligne de front se déplacerait vers l’ouest », estime Jean-Noël Barrot

Invité de Public Sénat, le ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, est revenu sur les déclarations récentes du président de la République sur le soutien à l’Ukraine, tout en affirmant la détermination du gouvernement dans son opposition à la Russie.
Henri Clavier

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« La France n’est pas en guerre contre la Russie », rassure Jean-Noël Barrot après les propos d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. Si l’Elysée rappelle qu’il ne s’agissait que d’une piste de réflexion pour adapter le soutien apporté à l’Ukraine, les adversaires politiques d’Emmanuel Macron craignent que ces propos ne précipitent la France dans la guerre ou en fasse une cible privilégiée pour la Russie. Sérieuse ou non, la proposition d’Emmanuel Macron a fait réagir en Russie, puisque Vladimir Poutine a fait allusion à la possibilité pour la Russie de frapper le territoire des membres de l’Otan, notamment avec l’arme nucléaire.

 

La France souhaite « un appel au sursaut et au courage face à un régime autoritaire »

 

En déplacement à Prague le 5 mars, Emmanuel Macron a martelé sa détermination et appelé les pays occidentaux à ne pas être lâches. Pour Jean-Noël Barrot, le président de la République cherchait avant tout à créer « un appel au sursaut et au courage face à un régime autoritaire ». Alors que l’armée ukrainienne semble de plus en plus en difficulté, le gouvernement français cherche à renforcer la cohésion du camp occidental et réaffirmer son soutien à l’Ukraine. Un accord de sécurité bilatéral a d’ailleurs été conclu en ce sens avec l’Ukraine le 16 février. Emmanuel Macron cherche également à asseoir son concept d’autonomie stratégique de l’Union européenne, alors que le soutien américain à l’Ukraine pourrait être remis en question par l’élection de Donald Trump.

Par ailleurs, Jean-Noël Barrot défend une position plus offensive et affirme qu’il ne faut « rien exclure » rappelant les nombreuses transgressions de la Russie de Vladimir Poutine. « Ça fait 10 ans que Poutine s’en est pris aux frontières de ses voisins, ça fait deux ans qu’il fait pleuvoir le fer et le feu sur le peuple ukrainien, ça fait quelques mois que les agressions s’intensifient à l’extérieur de l’Ukraine, dans les pays européens », explique le ministre délégué chargé de l’Europe qui fait référence aux nombreuses ingérences russes. Le ministre présente avant tout le soutien à l’Ukraine comme une action défensive, permettant de se prémunir d’une avancée de la Russie. « Il faut tout faire pour faire échec à la Russie, si l’Ukraine tombe, la ligne de front se déplacerait vers l’ouest », assure Jean-Noël Barrot. « C’est Vladimir Poutine qui parle de l’arme nucléaire, il se permet l’escalade et tous les propos, nous nous affirmons notre détermination », ajoute le ministre.

 

Un débat au Parlement pour clarifier la nature de l’aide apportée à l’Ukraine

 

Afin de clarifier la nature de l’engagement français aux côtés de l’Ukraine, et alors que le ministère des armées a récemment publié les chiffres du soutien militaire apporté à l’Ukraine, le sujet doit faire l’objet d’un débat au Parlement. Le 12 mars à l’Assemblée nationale puis le 13 mars au Sénat. Après deux ans de guerre, « il ne faut pas exclure de pouvoir continuer à aider l’Ukraine de manière différente que ce que nous avons fait jusqu’à présent », explique Jean-Noël Barrot. L’occasion, aussi, pour le gouvernement de tracer une ligne entre les parlementaires favorables au soutien à l’Ukraine et ceux plus réservés. Un débat décisif, au moment où la Russie « s’en prend aux pays de l’Europe à travers de vastes campagnes de fausses nouvelles pour déstabiliser notre opinion publique », souligne le ministre. Des manœuvres facilitées par la complaisance de certaines formations politiques françaises affirme Jean-Noël Barrot. « Je crois que le RN a démontré qu’il était un vassal, qu’il était fasciné par la figure de Vladimir Poutine », tacle le ministre délégué chargé de l’Europe.

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